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13 octobre 2010

Purge de Sofi Oksanen

9782234062405

. Sur la photo de l'édition française des doigts, ceux d'Aliide, l'héroïne de ce livre , une ancêtre estonienne que la vie a rendue cachottière, au propre comme au figuré. A l'orée des années 1990, lorsque son pays retrouve l'indépendance après un demi-siècle de chape soviétique, Aliide reste méfiante. Depuis toujours, elle peaufine l'architecture de sa maisonnette perdue dans la campagne, terrier aux cloisons amovibles et aux placards à double fond, pour accueillir les clandestins de l'histoire. Y compris ceux de son histoire amoureuse, aigre et sacrificielle, dont des pans secrets seront peu à peu révélés...

Lorsque Zara, une vamp en guenilles « dont la bouche ne contenait que du mucus et des dents sales, pas un mot pertinent », atterrit sans connaissance au beau milieu de sa cour, Aliide continue de jouer les familles d'accueil, malgré « le clapotis de l'aversion » qu'elle sent poindre en elle. Silencieusement compassionnelle, pleine de largesse sous ses airs étriqués, Aliide est un peu ce que la logeuse de Crime et châtiment aurait pu devenir si DostoïevskiDostoïevski ne l'avait pas fait assassiner. Jeune Finlandaise portée aux nues dans les pays nordiques depuis ce troisième roman, Sofi Oksanen (née en 1977) offre une seconde chance à cette vieille dame abîmée par l'Histoire, tout comme elle a l'audace lumineuse de réincarner le prince Mychkine de L'Idiot en Zara, jeune réfugiée hagarde, sainte martyre de la prostitution des filles de l'Est.

Du stalinisme le plus étouffant au postcommunisme le plus avilissant, Purge plonge les mains dans le sang poisseux et glacial qui fut versé en Estonie, ancienne république de l'URSS dont la mère de l'écrivain est originaire. Sofi Oksanen incise le temps, avance et recule à coups de canif dans l'Histoire. Si fleurie, aimante, protectrice - traduite avec un beau sens de la grâce et de la vigueur par Sébastien Cagnoli -, sa langue semble faite pour panser les plaies de générations entières. Sofi Oksanen écrit comme Aliide concocte des potions médicinales dans son arrière-cuisine : crèmes de souci, prêle des champs, menthe, mille-feuille et carvi. Alors le titre prend une tout autre sonorité : éclaboussant d'espoir, Purge décape, apaise et regénère (Critique de Télérama)

J'ai beaucoup aimé ce livre d'une jeune auteure finlandaise de mère estonienne comme la fille d'Aliide, l'écriture est acérée, les phrases sont ciselées, précises, courtes et au combien mordantes.

L'organisation se fait en de multiples chapitres datés & localisés, couvrant les trois occupations de l'Estonie: deux occupations soviétiques et une allemande (nazie) ainsi que la restauration de la République fin 1991.

Par petites touches, Sofi Oksanen nous campe les personnages, les lieux et surtout les atmosphères sans toujours mettre des mots; dès le début du livre il y a une description des habits de la jeune Zara qui nous laisse supposer que c'est une << putain >> d'origine soviétique qui est passée dans un << bordel >> de l'Ouest; en 20 lignes une partie du noeud du livre est énoncé.

Par contre je trouve que si les différents régimes sont bien décortiqués,analysés; l'occupation allemande et la participation des réfugiés de la forêt l'est beaucoup moins (le terme nazi n'est jamais écrit). Est-ce dû à son histoire familiale ou autre....et c'est vrai qu'en France on ne commence que vers les années 2000 d'essayer d'écrire sur la collaboration dans le domaine romanesque. 

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Commentaires
A
C'est vrai que la période d'occupation allemande est peu détaillée. Et pourtant, il y a une polémique en Estonie où certains disent que l'auteur donne une mauvaise image du pays dans les années 40-50.
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